William Josh Beck
Un chant d'encre
Puisant dans les potentialités de sa pratique musicale, son œuvre s’élabore par une transmission de l’énergie du flux sonore dans le trait de pinceau. Dans une déclinaison sur le noir et blanc, il ne s’agit plus de peindre ce qui se voit, mais ce qui s’écoute : capturer la trace du sonore plutôt que du visible.
Chemin vers une éclipse du moi et de l’intentionnalité, le son comme appui au jaillissement du trait laisse libre l’occurrence de tout le possible dans l'acte pictural. Le geste y procède d'une pleine présence au cœur d’un instant continu. De cette expérience de création comme modalité méditative naît une abstraction épurée qui se présente comme trace brute, modulation du vide et du plein.
Sa pratique d'atelier s'étend à la performance de peinture à l'encre, soit en lien avec les identités musicales des spectateurs, soit avec son propre dispositif sonore en direct, fondé sur la transformation des sons de l'eau, des soies et du papier, ou encore accompagné de musiciens. Il s'y établit un dialogue entre l'instrument et le pinceau, la peinture naissant de la musique, la musique jaillissant de la dimension graphique du trait d'encre, lisible comme une partition.
Sensible à la vibration des espaces, William-Josh Beck aime élaborer en résonance avec la singularité des lieux et des êtres pour proposer des installations visuelles ou sonores immersives et méditatives uniques, en création in situ.Ses projets à venir incluent de telles installations à partir de prélèvements sonores sur le terrain dans l’environnement des lieux d’exposition, dont il peint ensuite le mouvement sonore à l'encre. Il propose là une nouvelle forme de peinture, abstraite, de paysage: il ne s'agit plus de peindre ce qui se voit du paysage, mais ce qui s'en écoute.
Ces installations polysensorielles font entrer en résonance l’écoute des environnements sonores et les créations visuelles à l'encre (2025). Dans le même esprit, il réalise également des portraits sonores et encrés de femmes en écho au son de leur environnement de vie (Nishiaizu International Art Village, Japon, 2025).
Le travail artistique de William-Josh Beck se déploie également dans la vidéo : ses encres s'y transmuent en paysages mouvants par filtrages et travellings. L’image se noue à des compositions sonores dont le matériau, puisé dans la musique à l'origine de l’œuvre peinte, est façonné en voyage auditif. Cette mise en abyme dessine des architectures acoustico-visuelles évolutives qui revêtent une dimension hypnotique analogue à celle de ses peintures.
Vivant et travaillant au cœur d’un environnement préservé, entre mer et forêt, sa pratique s’harmonise avec cet écosystème par l’emploi de matériaux naturels : eau, encre de suie, charbon, papier de bois tendre ou de mûrier. Les éléments, air, eau, terre et feu, infusent son univers.
William-Josh Beck est membre du réseau Art contemporain en Bretagne.