DÉMARCHE ARTISTIQUE

William Josh Beck

Un chant d'encre



William-Josh Beck inscrit son travail dans une démarche minimaliste, où le trait se fait révélateur du temps et du mouvement. 
Prolongeant sa pratique première à l’encre sur papier, il déploie, à travers photographie, vidéo, performance et sculpture, un dialogue entre trace, trait plein et espace de blancheur ou de vide. 

Ancrée dans sa pratique musicale, son abstraction à l’encre sur papier procède par une transmission de l'énergie sonore dans le trait de pinceau. Dans un bichromatisme noir et blanc, il ne s'agit pas de peindre ce qui se voit, mais ce qui s’écoute : transcrire l'essence du flux sonore - musique, paysage acoustique- en matière picturale. 
Ses compositions se déploient notamment en grands polyptyques formés de panneaux modulaires de papier. Au sein d'un maillage géométrique qui structure l'espace pictural, l'élan du trait traverse bords, lignes et limites, jouant sur la tension entre rigueur du format et liberté du geste. 

William-Josh Beck expose son processus créatif au public lors de performances de peinture en direct, en collaboration avec des musiciens pour lesquels il compose, ou dans une dynamique d'improvisation libre. Dans ce dernier mode, il s'établit un dialogue entre l'instrument et le pinceau, la peinture naissant de la musique, la musique jaillissant de la dimension graphique du trait d'encre, interprétable comme une partition à signes libres. 

Sensible à la vibration des espaces, Beck intervient in situ pour concevoir des installations immersives où perception auditive et visuelle s’entrelacent. A partir d'enregistrements de terrain dans l'environnement des lieux d'exposition, il compose des paysages sonores qu'il peint ensuite à l'encre. Ces installations polysensorielles et méditatives plongent le spectateur dans un résonance intime entre peinture abstraite du paysage et environnement sonore. 

Si l'articulation thématique et matérielle des quatre éléments, air, eau, terre, feu, infuse son univers, elle est particulièrement sensible dans sa photographie. William-Josh Beck y capte la trace du temps dans la nature, que ce soit dans la courbe dessinée par le passage des eaux, écriture de la vie de l'eau dans le corps de la terre, ou encore dans le le négatif des mouvements photoniques sur la plaque photographique.

En vidéo, la matière filmée de ses encres se transmue en paysages mouvants par filtrages et travellings. L’image se noue à des compositions sonores dont le matériau, puisé dans la musique à l'origine de l’œuvre peinte, est façonné en voyage auditif. En constante métamorphose, ces abstractions tracent des cartographies évolutives qui convoquent l'imaginaires des cicatrices de l'activité humaine sur l'environnement : motifs de terrassements, réseaux de canaux et de routes. Les coulées effusives d'encre liquide évoquent des marées noires ou des formes fantomatiques de fumées carboniques et de nuages.

Actuellement, la modularité irrigue ses recherches en sculpture et céramique, où, en écho à ses polyptyques peints, des volumes répétés offrent un cadre sériel à un geste minimal. 

Créant au cœur d’un environnement préservé, entre mer et forêt, sa pratique s’harmonise avec cet écosystème par une attention écologique aux matériaux : eau, encre de suie, papier de bois et de mûrier, nouveaux matériaux biosourcés. Cet engagement s'inscrit cependant dans une démarche articulée aux technologies numériques -vidéo, modélisation 3D- témoignant d'un ancrage contemporain dans les formes de création actuelles.


William-Josh Beck est membre du réseau Art contemporain en Bretagne.