L'ACCELERATEUR TOTALITAIRE (2021)

L'ACCELERATEUR TOTALITAIRE

Phénomène viral et schizophrénie néolibérale

Essai

(L'Harmattan, février 2021)


Qu'est-ce qui caractérise la société néolibérale en 2020 ? En quoi relève-t-elle d'un système totalitaire ?
Comment sa dynamique interne a-t-elle été révolutionnée depuis son émergence, et en quoi se distancie-t-elle progressivement d'une logique purement capitaliste ? Sur quoi se fonde son équilibre actuel ? Pourquoi peut-on la rapprocher aujourd'hui d'un fonctionnement schizophrénique ? 

A la croisée de la psychanalyse, de la philosophie politique et de l'épistémologie, ce livre analyse les transformations sociétales récentes, en France et dans le monde, et l'accélération spectaculaire qu'elles ont connue suite à l'émergence du phénomène viral Covid-19. 
Se fondant sur un croisement des travaux de Guy Debord et d'Hannah Arendt, il étudie les modalités communicationnelles gouvernementales et le statut de la relation gouvernant-citoyen dans le monde contemporain. En s'inspirant de la critique métascientifique de John Ioannidis, il analyse la déroute récente de la rigueur scientifique, et la transmutation de la logique technocratique. 
Il décrypte en profondeur les rouages psychopathologiques qui sous-tendent la mécanique systémique nouvellement installée, en proposant une relecture critique de Capitalisme et Schizophrénie de Gilles Deleuze à travers les séminaires tardifs de Jacques Lacan.
Enfin, il montre en quoi ces rouages psychopathologiques sociétaux sont structurellement incompatibles avec la vie humaine et le désir, et tente de dégager les perspectives d'évolution d'une telle société.

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EXTRAITS 


"Personne n'orchestre le système néolibéral : il s'orchestre tout seul, je joue sa partition, vous la jouez aussi, nous la jouons tous à l'unisson dès lors que nous sommes à l'intérieur de lui. (...) Le désir meurt à tous les niveaux du système, mais que les plus pauvres souffrent et meurent pour que d'autres s'ennuient, indique que le système touche véritablement à ce qui relève de la folie."

(Chapitre 6.10 "Un système acéphale" p.225)


"Une scène particulièrement saisissante (de l'adaptation cinématographique des 120 journées de Sodome par Pier Paolo Pasolini) est celle où le Président, incarné par Aldo Valetti, force le jeune Carlo à dire "Non posso mangiare il riso" (Je ne peux pas manger de riz) avant de lui répliquer "E allora mangia la merda" (et alors mange donc de la merde !), et de lui faire effectivement ingurgiter des excréments. 
Que Pasolini ait placé ce dialogue entre les mains du Président ne semble pas le fait du hasard. Ainsi personne n'ignore (...) que nos sans-abris se nourrissent du contenu de nos poubelles, et pour autant, aucun Président ne s'est jamais préoccupé de changer cet état de fait. (...) L'extrême cynisme du système se dévoile lorsque l'on voit, depuis quelques temps, les entreprises néolibérales placer des antivols sur les poubelles de leurs magasins pour empêcher les pauvres de s'y servir. 
D'un autre côté, évoquons ce que la culture de masse présente comme l'idéal alimentaire néolibéral : le hamburger. Le sujet néolibéral en raffole, il n'y a qu'à voir les queues impressionnantes constatées en France aux portes des grandes enseignes de restauration rapide, dès leur réouverture durant le confinement (au printemps 2020). Les Français consomment 1,2 milliards de hamburgers par an, soit 18 hamburgers par habitant, en dépit des mises en garde de la communauté médicale quant à leurs effets nocifs sur la santé (...), et en dépit de l'étude rigoureuse réalisée en 2015 par Consumer reports qui a montré la présence systématique de traces de matières fécales et de diverses bactéries notamment intestinales dans les steaks hachés. Ainsi l'identification de l'aliment phare de l'alimentation néolibérale à de la merde n'est pas seulement métaphorique, elle est bien réelle. Et si cet aliment est aussi prisé dans le système, c'est précisément (...) qu'il relève de la modalité de jouissance prépondérante dans cette société : l'immédiateté.(...) 
Grâce aux fast-foods, pas le temps de désirer, pas besoin d'attendre comme dans un restaurant traditionnel, votre repas vous est servi instantanément grâce aux innombrables modalités d'accès aujourd'hui disponibles : comptoirs, drives, livraison à domicile. La jouissance de manger de la merde est instantanée. 

(Chapitre 5.6 "De l'éthique sadienne au totalitarisme : le tropisme néolibéral" pp. 191-192)